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Pourquoi la mairie de Paris s’inquiète de l'essor des colocations XXL

Publié le 05/05/2025
Les habitats de ce type fleurissent, avec 14.500 lits exploités en France en 2023. Mais Ian Brossat, sénateur PCF de Paris et ancien adjoint au logement de la mairie de Paris, veut les réglementer.
 

Une colocation XXL en plein coeur de Paris, toutes charges comprises, avec service de ménage, abonnement streaming et salle de sport... L'offre a tout pour attirer de jeunes nouveaux arrivants à Paris, mais agace le sénateur Ian Brossat qui veut réglementer ces logements en coliving. Contraction des mots anglais "collaborative" et "living" (habitat collaboratif), le coliving consiste en des chambres privées, espaces partagés et services pour faciliter la vie en communauté sous un même toit.

Les habitats de ce type fleurissent, avec 14.500 lits exploités en France en 2023, en hausse de 70% en deux ans, selon la société d'études Xerfi, et 234 millions d'euros investis en 2024 selon JLL, trois fois plus que pour les résidences séniors. Pour l'Institut Paris Région, l'essor du coliving concerne surtout l'Ile-de-France, qui attire de très nombreux jeunes actifs et étudiants, mais dont l'accès au logement "n'a jamais été aussi difficile".

Piscine, salle de sport et coworking

C'est bien dans l'urgence, trois jours avant de commencer un nouveau travail en région parisienne, que Zineb, 26 ans, a réservé un studio dans une résidence de coliving Hife aux portes de Paris.

"Je viens de Strasbourg, j'ai cherché un logement à partir de mai pour commencer mon travail en septembre, mais je ne trouvais rien", explique à l'AFP cette salariée dans une banque.

C'est une amie qui lui a parlé de cette résidence de coliving de 247 chambres, souvent équipées de kitchenettes, louables de quelques jours à plusieurs mois et disposant d'une piscine, d'une salle de sport, d'un espace de coworking et d'autres services de vie en communauté. "Je ne vais pas rester ici toute ma vie, mais pour moi, nouvellement arrivée à Paris, c'est une solution", poursuit Zineb. Elle paye 1.250 euros par mois pour un studio de 22 mètres carré et l'accès à 850 mètres carré d'espaces partagés.

Ailleurs le coliving peut prendre la forme de grandes maisons divisées en une dizaine de chambres et des espaces partagés, ou bien d'immeubles de petites colocations qui ont toutes accès à des services communs, mais aussi de grands appartements meublés classiques loués parfois sans réels services ajoutés. C'est le cas d'un logement dans le 10e arrondissement de Paris où des chambres de 9 à 16 mètres carré, avec cuisine équipée et charges incluses, sont proposées entre 900 et 1.100 euros. Bien au-dessus de l'encadrement des loyers.

Echapper à l'encadrement des loyers

Alerté par des habitants, Ian Brossat, sénateur PCF de Paris et ancien adjoint au logement de la mairie de Paris, dénonce "des logements familiaux transformés en coliving, avec deux problèmes : les nuisances engendrées dans la copropriété et les tarifs exorbitants pratiqués". Certes le développement du coliving "révèle l'ampleur de la crise du logement", particulièrement chez les jeunes, concède l'élu, "mais cela ne légitime pas que les règles mises en place ne s'appliquent pas".

Le sénateur communiste prépare donc une proposition de loi pour définir le coliving, "le ranger dans la catégorie habitation" et ainsi obliger le respect des règles propres au logement: l'encadrement des loyers dans les communes concernées et la création d'une part de logements sociaux. Outre des compléments de loyer "quasi systématique" pour dépasser les plafonds, l'Institut Paris Région a constaté que l'utilisation de baux de location saisonnière et de résidences services permettent d'échapper à l'encadrement des loyers.

Une solution à la pénurie de logements

Victor Augais, fondateur de La Casa qui gère une cinquantaine de maisons en coliving, voit d'un bon oeil de potentielles normes à respecter pour assurer une certaine qualité de vie, mais il s'oppose à "tout blocage du coliving" qui fait partie des solutions à la pénurie de logements.

 
 

A l'inverse, Jean-Baptiste Mortier, patron de The Boost Society qui gère les résidences de coliving Hife et Kley pour jeunes actifs et étudiants, s'insurge contre le projet de texte de Ian Brossat. "Plus on réglemente les loyers, moins il y a d'investissements" alors que le coliving répond au problème d'accès au logement des jeunes actifs, assure-t-il. Quant à la définition, "c'est très compliqué de légiférer", en raison des nombreux modèles de coliving et des différents services qui peuvent être proposés.

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